Interview avec l’Aumônier général de la Fraternité EPHPHATA
INTERVIEW RÉALISÉE A DOUALA LE 11 Novembre 2020 avec L’ AUMÔNIER GÉNÉRAL DE LA FRATERNITÉ EPHPHATA


Le Père NDEBI au cours de la messe des malades

ML : Bienvenue à Douala, vous êtes en séjour ici dans le cadre de votre tournée mensuelle dans cette délégation. Vous venez de dire la messe des malades, quels sont vos sentiments vis-à-vis des priants. Comment percevez-vous le pouls de la délégation de Douala ?

AG : Oui je vous remercie pour cette question. Mais je dois dire que je considère la délégation de Douala comme délégation centrale de tout Ephphata. Et cela à plusieurs titres. D’abord le Secrétaire Général International qui me remplace est ici à Douala.
Ensuite sur le plan historique, n’oubliez pas que c’est quand même archevêque de Douala qui était le premier à donner une attestation, je ne parle pas de reconnaissance. Une attestation à la FE, parce que à l’époque le diocèse d’Eseka ni d’Edea n’existait pas.
N’oubliez non plus qu’après la mort du défunt Père HEBGA de regretté mémoire, cette délégation de Douala a montré vraiment qu’elle a de la foi et de la force. Voyez-vous je ne reste pas ici mais plutôt à Yaoundé, mais si j’étais avec vous je suis sure que vous pourriez encore faire quelque chose de plus grandiose. Déjà que je viens seulement une seule fois par mois. C’est trop peu ! Et je sens que vous priez. Je sens que vous vous donnez vraiment. Vous voulez qu’Ephphata progresse.
La preuve, je vais vous dire : j’ai demandé la contribution de toutes les délégations ou coordinations juste pour acheter du terrain qu’on nous vend moins cher dans Eseka Mining. Il s’agit de mille mètres carré (1000m²) d’abord à deux cents quarante mille (240.000 F CFA), puis à quatre cents quatre vingt (480.000 F CFA). Mais il n’ya que Douala qui a acheté deux (02), Yaoundé a acheté un seul (01). Mais les autres n’ont même pas versé. Donc ça c’est peut-être côté matériel.
Mais même pour le côté spirituel, il y a beaucoup de retraites, de veillées de prières qui se font à Douala alors que moi qui suis responsable je réside à Yaoundé. Mais avec les prêtres qui vous aident ici, vous avez tout de même à témoigner dans tout le grand archidiocèse la présence des charismatiques en général et d’Ephphata en particulier.

ML : Merci mon Père. Nous sommes rendus à la veille de la célébration du prochain anniversaire de la FE. Quel bilan tirez-vous de l’évolution de cette fraternité depuis votre accession en tant que responsable ? Quels sont les attentes ou annonces importantes auxquelles on peut s’attendre au cours de cette célébration future?

Oui merci bien ! Effectivement peut être il y a en qui ne savent pas. Il y en a qui pensent que comme en termes d’effectif il y a moins de monde qui suit EPHPHATA qu’à l’époque du défunt Père HEBGA de regretté mémoire, à cause de son décès ; Ils pensent Ephphata n’existe plus, qu’il y a régression, il peut même y avoir des regrets…Mais, mais ! Si vous saviez le don de Dieu !
D’abord que cela m’a été dit. Il semblerait que le Seigneur lui-même avait fait comprendre au Père fondateur qu’après sa mort, Ephphata se comporterait encore mieux, et qu’il aille se reposer sans inquiétudes. Et je constate que c’est vrai !
C’est lui le fondateur de là où il se trouve qui continue de soutenir Ephphata dans sa progression. Parce que sinon je ne peux pas comprendre comment pendant 32 ans il n’a pas pu obtenir une seule reconnaissance d’un seul eveque. Mais immédiatement après sa mort, quelques trois (03) ans après, nous avons obtenu ces reconnaissances au niveau du diocèse, au niveau de tout le Cameroun et au niveau du monde entier dont une délivrance de reconnaissance par le Vatican. Et ensuite, c’est après sa mort qu’effectivement nous avons mis en place le projet des prêtres. Mais lui-même y avait pensé. Puisque dans le rapport du 32eme anniversaire, 4eme résolution il avait été dit « qu’Ephphata devienne une congrégation ». Or il ne peut pas avoir de congrégation s’il n’y a pas de prêtres !
C’est cette résolution qui m’a confortée de ne plus demander des autorisations aux évêques. Immédiatement j’ai commencé à préparer des candidats pour le sacerdoce. Et Dieu merci malgré le fait que tous les évêques du Cameroun ne sont pas encore d’accord mais il y a un qui a cause de son courage et a ordonné deux de nos candidats. En droite ligne avec une prophétie reçue qui stipulait une certaine souffrance mais qu’un évêque sortirait de nulle part et ordonnerait des prêtres. Et c’était effectivement le cas. J’avais rencontré dix évêques, parmi lesquels mes propres étudiants, mais je n’ai obtenu aucune réponse.
Or un évêque à qui je n’ai rien demandé, ni fait des notifications est venu de lui-même se proposer de nous aider en raison du travail abattu. Il s’est rendu disponible pour ordonner trois candidats au sacerdoce. Pour moi cela a été signe visible de la main de Dieu.
Et aujourd’hui cela continue. Comme vous l’avez certainement entendu au cours de la célébration eucharistique, nous avons 4 candidats au diaconat. Ils auraient du être ordonné le mois passé en Octobre mais cela n’a pas eu lieu. Mais nous avons des promesses qu’en février cela aura lieu.
Ces quatre candidats ne sont pas les seuls, il y a 4 nouveaux qui sont allés en stage et qui doivent être reçus en ordination dans neuf (09) mois. Au moins juin ou de juillet de l’an prochain. Ce qui veut dire nous risquons d’avoir huit 08 prêtres l’an prochain.

ML : Très bien ! C’est une bonne nouvelle, nous sommes vraiment en train de nous acheminer vers la congrégation. Maintenant nous nous demandons, nous sommes à Douala, des projets sont menés pour édifier les hommes, mais la FE c’est aussi les bâtisses. Bethel fait la joie et la fierté de la délégation de Yaoundé mais ici à Douala on est toujours contraint de se plier à la bonne volonté du clergé local comme vous venez de le souligner qui n’est pas toujours collaboratif. Quelles sont les dispositions qui sont prises pour la DRD ait un futur Bethél ?

AG : Très bien ! Je dois vous dire que dès la mort du Père fondateur, c’est Douala que j’ai voulu aider. Le Père avait laissé environ sept (07) millions. J’ai donné cinq (05) millions à Douala pour l’achat d’un terrain. Et la DRD a ajouté deux millions cinq cents milles (2 500 000 F CFA). Depuis près de 10 ans. Donc nous avons un terrain soit de cinq mille (5000 m²) soit de dix milles (10 000m²) qui nous attend. Mais il y a eu un soucis avec la famille qui cédait le terrain. Dont le tort ne nous revenait donc pas, on attendait que cela soit résolu. Ce problème d’ailleurs a été résolu. Le seul problème qui reste actuellement c’est l’argent parce que nous n’avons versé que cinq millions cinq cent (5 500 000 F CFA). Il faut que nous puissions débloquer la somme restante afin d’ être totalement en possession du terrain avant d’entamer les travaux de construction.
Justement concernant ce problème ce n’est qu’un morceau. Il faut envisager l’œuvre matérielle de la FE. Des projets palpables. Effectivement j’ai demandé à l’Etat du Cameroun de nous donner du terrain. Et l’Etat du Cameroun m’a proposé deux (02) lotissements de deux mille cinq cents hectares (2500 ha) chacun. Si au moins nous pouvons avoir un c’est énorme !

ML: Et qu’est ce qui empêche que nous puissions les obtenir ?

AG : Le premier blocus pour le premier terrain c’est les élites de mon arrondissement qui trouve que c’est énorme. Que j’ai pris tout le terrain. Ils me disent « que Père Robert tu es avec nous dans l’ANDEM c’est-à-dire l’association des élites de MAKAK, depuis plus de 30 ans. Toi tu as décidé de ne pas te marier. Nous autres avons femmes et enfants. Toi tu prends tout le terrain et nous autres qu’est ce qu’on va devenir ? » Vous voyez ? Ils ne sont pas d’accord.
Effectivement ils m’ont traîné devant Monsieur le sous préfet. Et pourtant c’est quand même le ministre qui avait signé. Bon, pour le moment je laisse. Mais l’autre terrain, j’ai commencé à investir un hectare mais au même moment, comme il y a du bois sur cette parcelle, j’ai voulu négocier avec ce bois et c’est là qu’on me demande de commencer plutôt avec 500 hectares. C’est là où même le ministère découvre que ce lotissement est réservé et qu’il n’y a que le Chef de l’Etat tout seul qui peut déclasser sinon personne. Ils ont décidé dès lors de nous attribuer un autre lotissement. Ce qui a été fait. Actuellement j’ai payé, car on me demandait quatre millions cinq cents milles (4 800 000 F CFA) pour commencer à exploiter 500 hectares et après on continuera. Mais il y a aussi du bois sur cette parcelle et moi je ne détiens pas une autorisation d’enlever le bois. Donc l’Etat a donné droit à une société qui doit d’abord enlever ce bois avant que moi je ne m’approprie ce terrain. Cette société est entrain de le faire et d’ici l’an prochain j’ai cette assurance que par tous les moyens on va commencer l’agro-pastorale. Et justement pour me préparer, j’ai vu des amis, dont un qui est du diocèse d’Eseka et qui vit en Europe depuis 40 ans.
Il a beaucoup de relations sur le plan international, il m’a proposé de faire venir un expert de l’ONUDI qui est une subdivision de l’ONU qui s’occupe du développement. C’est un senegalais. Je l’ai donc fait venir et il a mis avec nous 1 mois. On a travaillé ensemble avec mon ami d’Eseka pour des projets. Et il entrain de les ficeler. L’expert étant reparti il va revenir en février 2021 pour les lancer. Et il sera justement question des terrains de Douala, d’Eseka, de Béthel et bien évidemment de Manguen qui est entrain de péricliter. Sans oublier le lotissement de 3 000 ha qui est à mettre en valeur. C’est donc de vastes projets !

ML : Effectivement de très gros projets, quelle est la stratégie que vous allez adopter pour fédérer les membres de la FE autour de ces chantiers ? Comment les intéresser sachant beaucoup adhèrent à Ephphata pour des questions spirituelles : Problèmes de maléfices, de sorcellerie, d’ésotérisme etc. Comment trouver le point focal pour mobiliser les priants tous azimuts et même de la diaspora étant donné qu’EPHPHATA est également en Europe et aux Amériques ?

AG : Oui oui, Tu sais que ces projets nous n’avons pas d’argent, on compte beaucoup sur notre ami qui a des relations. Mais nous devons participer aussi avec tous les responsables car nous devons mettre la main à la pâte au lieu de tout attendre. Meme si les aides peuvent venir, c’est nous même qui donnons un but, nous devons définir ce que nous voulons. Nous ne recevons rien de l’extérieur comme un contrainte. Donc le bureau d’EPHPHATA INTERNATIONAL va réfléchir pour déterminer les objectifs et également comment faire susciter l’intérêt de tous, adultes et jeunes, hommes et femmes. Il y aura du boulot pour tout le monde.
ML : Merci bien mon Père. Au sortir de cette interview, que pouvez-vous dire comme mot de fin aux priants de la FE en particulier ceux de la DRD qui ont la joie de vous recevoir en cette veille préparative du prochain anniversaire de la FE ?
AG : La première chose c’est d’abord la présence. Je veux qu’il y ait beaucoup de monde à Manguen en cet anniversaire parce que c’est là que nous pouvons ensemble travailler. Nous n’avons pas beaucoup de jours à faire ensemble si ce n’est que deux jours. C’est colossal comme projets je vous dis. Il ne faudrait pas que cela soit relégué qu’à l’Aumônier seul. Pour l’Aumônier c’est d’abord le spirituel. Mais quand nous parlons d’intercession, comment EPHPHATA entend en tant que institution doit exercer les œuvres de miséricorde non seulement pour les frères et sœurs d’Ephphata mais pour tous les chrétiens. Car s’il faille construire des hôpitaux ce n’est pas seulement pour Ephphata, s’il faille construire des écoles ce n’est pas seulement pour Ephphata. Voilà !

Propos recueillis par Maguy Laurence MATIA

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